8.6.08

Entretien, CV, lettre de motivation, dossier de photos (une vingtaine)

Jeudi 17h30. Trouver les bonnes photos. Y'en a t'il? Je vois bien deux trois trucs. Mes séries, un peu bancal, mais elles parlent de ma photo, alors tant pis, on se jette à l'eau et on verra bien. Une série sur Rueil, une autre sur différents lieux de villégiatures, quelques photos sur les touristes, des portraits. Vingt photos... Il y en a déjà plus de trente... Tant pis. Parler de ce moment où je tiens mon appareil dans ma main. Où j'entoure ma main avec ma courroie, où je vise, où je déclenche, clac, parfois la rafale qui part. Ce moment où je m'agenouille face à un modèle où on attend le moment où il se détend. Une fraction de seconde... ouf... dans la boîte. Et puis l'autre lorsque le temps de pose est trop long, respiration qui s'arrête, muscle qui se contracte trop, on respire, on se relâche, les épaules se dénouent et clac. Se fondre dans le décor, habillé sombre, un fixe standard réglé à l'hyperfocale, cette vielle dame, je la suis, je la dépasse, clac, une groupe de goths qui vient vers moi, appareil à la poitrine, clac, clac, clac. Expliquer ce moment, et puis l'angoisse de la planche et du compte-fil. Merde, remerde... le film est transparent, quoi chercher là dedans, trop poussé... En sortant de la chambre noire, putain de grain, pourquoi cette 3200? Les photos que l'on retrouve quinze ans après, un type qui pique-nique au pied de la Sears Tower à Chicago, un bouquet de fleurs à Amsterdam, première respiration après sept mois de n'importe quoi. Et puis les photos que j'ai oublié de prendre. L'appareil à la main, impassible... L'émotion devant les Américains de Robert Frank, Travelog de Charles Harbutt, Correspondance New-Yorkaise de Depardon, une série de Plossu ou de Winogrand. Le malaise inspirant d'un Antoine d'Agata, d'une Diane Arbus, d'une Nan Goldin. Se dire qu'un jour... Non, pourquoi? Pour perdre le plaisir? Non, merci...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

j'aime ce texte, belle expression de l'angoisse non de la page blanche, mais du film vierge. Typique de l'argentiste, je ressens ça à chaque fois, mais je le dis beaucoup moins bien !