13.5.08

Ivresse


Ca fait deux ans que ce blog existe. J’ai eu 4000 visiteurs, moi y compris. Le plus part passe juste un clic et puis s’en vont, d’autres musardes un peu plus longtemps et merci à eux. Au début, j’avais une ambition, je voulais créer une histoire qui s’alimenterait de photos, produisant une espèce de roman illustré s’écrivant au jour le jour, puis j’ai voulu juste « poster » mes photos y adjoindre parfois un commentaire. Parfois, il s’est transformé en un journal intime puis en album photo etc… J’ai eu l’envie plus d’une fois de le supprimer, de dire adieu à la toile, à l’absence chronique de lecteur et de retour et puis finalement, je persévère.
J’aime bien l’idée de ces mots jetés comme une bouteille à la toile. De temps en temps je reçois des visiteurs de pays lointains, même si les voies du net sont parfois impénétrable et que derrière un visiteur d’Algérie se cache peut être mon voisin de pallier.
J’écris ici comme j’écrivais dans mon moleskine que je délaisse totalement. Le dernier entrée remonte à près d’un an. J’y écrivais une ébauche d’histoire, une de plus.
Je crois qu’il s’agissait d’une conversation entre un père et son fils. Pour le premier je devais m’inspirer de Depardon et pour le dernier, d’un fils en manque de reconnaissance.
Je pourrais retranscrire ce que j’avais écrit en pure perte une fois de plus, pour mon seul plaisir. Parce qu’il s’agit bien de ça, non ? Il ne m’arrive quasiment jamais de lire en entier un texte sur le net. Je l’avoue. Mais quelle photo pour l’illustrer ? C’est ça la difficulté de cet exercice, trouver la bonne accroche pour illustrer ou au moins attirer la lecture.

- Tu es content de toi ?
- Et toi ? Tu es content de moi,
- (…)
- Excuse-moi…
- Ce n’est rien… j’ai toujours été content de toi.
- (…)
- Elles sont tristes tes photos. Tu es triste ?
- Je l’ai été. Pendant longtemps je n’ai été que ça.
- Je suis désolé. On n’aime pas faire cela à son enfant. Avec ta mère on voulait vous épargner ça, on s’est trompé. Je suis désolé.
- Ce n’est pas grave. Tu aimes mes photos, vraiment ?
- Il y a des années je n’aurais pas dit la même chose. Les photographes sont seuls. On est seul derrière le viseur, la photo se révèle dans le noir ou sur ton ordinateur, tu n’es rarement là quand on voit tes photos dans la presse. Pourquoi insister et prendre le vide comme tu le fait ?
- J’ai peur des autres de leur regard, de leur jugement.
- Alors pourquoi l’exposer ? C’est pire, non ? Quand je revenais de reportage, un type regardait mes planches, en choisissait quelques unes, les vendaient, classaient les autres, point. Qui se foutait de moi, du mec qui avait pris les risques, qui sacrifiait sa vie de famille pour ça ? Toi, tu viens avec ton âme, tu prends le risque qu’on te dise qu’elle ne plaît pas, qu’elle ne soit pas le vent, qu’elle ne vaux rien…
- Tu as raison j’imagine… Dis-moi, tu as peur de mourir ?
- Maintenant oui… Depuis que je suis seul, oui. J’ai peur de n’être plus jamais heureux. De ne plus aimer, quoi de pire ? De ne plus respirer le parfum d’une peau…
- Tu aurais pu choisir autre chose ?
- Oui, peut-être. Mais j’ai eu peur de cette vie. La peur, la vraie. Sur un champ de bataille ce n’est pas la même peur. Surtout que je ne tenais pas une arme mais mes boitiers, j’avais peur de ne pas sortir la photo, j’étais spectateur, mon cerveau fonctionnait à plein tube. Tu entends les balles qui sifflent, tu sens la poudre, le claquement des fusil, pas celui d’Hollywood, le vrai, un claquement sec, puis le sifflement. Ton guide s’effondre devant toi. L’action. Tu doit réagir, repérer le bon angle et le bon abris. Mais cette autre peur… Un enfant… Une femme…

Mots perdus écrits le 10 septembre dernier.

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